Orian (Interview)

« Elle e(s)t moi » : entre isolement et recherche de soi.

Pochette du single “Elle e(s)t moi”. Laurent Marécaille

Chanteur aussi énigmatique que passionnant, Orian s’est pleinement lancé dans la musique en 2020. Doté d’une grande sensibilité, et après seulement 3 années, il décide de se découvrir dans un premier EP*, Elle e(s)t moi, qui sortira prochainement. De passage dans la BLAQUES ROOM pour performer son puissant single, portant le même nom que son futur EP, YOKA MUSIC PRO en a profité pour échanger avec lui sur ce morceau singulier et sa genèse.


* Nom masculin invariable (mot anglais, sigle de extended play « durée étendue ») . Disque d'une durée plus longue que celle d'un single et plus courte que celle d'un album. Ensemble de quatre à six morceaux de musique formant un tout

Yoka Music Pro :

Orian, tu t’es pleinement lancé dans la musique il y a tout juste 3 ans, c’était lors du confinement lié à l’épidémie de COVID-19. C’est d’ailleurs pendant ce même confinement que tu as composé « Elle e(s)t moi ». Pourquoi sortir une version live maintenant et en quoi l’année 2020 fut une année charnière pour toi ?

Orian :

Déjà petit, j’avais formulé le souhait auprès de mes parents de commencer une formation musicale. Pour diverses raisons, ce souhait n’a pu être réalisé. C’est finalement à l’âge de 24 ans que j’ai commencé à prendre des cours de musique avec une coache vocale, Cécile, qui m’a donné beaucoup de conseils et de confiance en moi. C’était à la base un simple loisir. En 2020, lors du premier confinement, j’ai pris la décision de m’isoler, seul dans un petit appartement avec mon PC. Je me suis confronté à la solitude. Ça m’a permis de savoir qui j’étais, qui je suis et qui je souhaite être. Cet isolement était un moyen de faire une mise au point avec moi-même. J’ai instauré un rituel pour poser mes pensées sur le papier au travers de rimes. Tout cela débouche sur mon premier morceau, « Elle e(s)t moi ».

 

YMP :

De quoi parle ce titre ?

O :

« Elle e(s)t moi » aborde la dysphorie de genre** et la schizophrénie. C’est encore aujourd’hui le morceau dont je suis le plus fier. Avec le temps, je me suis rendu compte que l’écriture était devenue une nécessité pour moi. Je n’ai jamais réussi à me sentir à ma place dans tous les boulots que j’ai pu faire jusqu’à présent. Écrire et chanter me permettent de me sentir bien et surtout d’être moi-même.

 

**Terme décrivant le sentiment de détresse ou de souffrance qui peut être exprimé parfois par les personnes dont l'identité de genre, l'identité sexuée, ne correspond pas au sexe qui leur a été assigné à la naissance


YMP :

Comment t’y es-tu pris pour confectionner le single « Elle e(s)t moi » ?

O :

Il y a une phrase d’Auguste Rodin que j’aime beaucoup : « L’art n’est que sentiment ». C’est ce que j’essaye de faire au maximum dans mes morceaux et donc dans « Elle e(s)t moi ». Je voulais aborder la recherche de soi-même, de notre identité le tout, via un texte universel. Se découvrir chaque jour est un combat perpétuel. Toucher les gens est devenue une chose importante pour moi, notamment à la suite de l’enregistrement de « Elle e(s)t moi ».

 

YMP :

Tu es une personne à la fois réservé mais aussi très énergique. Comment fais-tu cohabiter ces deux aspects contraires ?

O :

C’est une question complexe. C’est quelque chose qui se fait naturellement. Un film, une photo ou un livre peuvent débloquer quelque chose en moi et je me lâche pleinement via l’écriture puis sur la scène. J’oublie ma timidité et me donne à fond pour les personnes en face de moi. La scène est aujourd’hui ma motivation principale, c’est là qu’est ma place !

 

YMP :

Quelles sont tes inspirations pour ton travail artistique ?

O :

Une œuvre qui me vient spontanément, c’est le film Les Aventures de Pinocchio, sorti en 1972 et réalisé par Luigi Comencini. J’ai redécouvert ce long-métrage récemment. Ce qui me frappe c’est le côté rêverie mêlée à l’insouciance de l’enfance, confrontée à la brutale réalité. Je m’identifie beaucoup au personnage de Pinocchio.

Côté musique, j’ai plusieurs inspirations et coup de cœur qui animent mon travail artistique. Il y a par exemple Une nouvelle chance, du duo Ascendant Vierge. Cet album est composé de sonorités électros puissantes qui ont certainement influencé certaine de mes compositions. Je l’écoute très souvent. Il y a aussi Au nom des rois de Jeanne Mas. La pochette de cet album est tellement poétique. Son contenu l’est également. C’est un album et une artiste de chevet. Puis il y a Rest, de Charlotte Gainsbourg. A travers cet album l’artiste aborde la perte de son père et de sa sœur. Elle se demande de quoi sera fait son avenir. Elle y aborde aussi ce désir d’exorciser ses névroses post traumatique au travers de texte déchirant. C’est un album qui ne laisse pas indifférent !

Enfin, j’admire des artistes comme Brigitte Fontaine, je trouve que c’est une génie de l’écriture, ainsi que  Marie Laforêt que j’écoute régulièrement.

YMP :

Pour accompagner le single « Elle e(s)t moi », tu as décidé de proposer une version live dans la BLAQUES ROOM de Yoka Music Pro. Pourquoi ce choix ?

O : J’ai été contacté par Alex Heyoka sur les réseaux sociaux. Il m’a expliqué le concept, ça m’a plu. Quand je vois les moyens mis en œuvre pour accompagner les artistes, je suis très content et soulagé. Ça me retire une certaine charge de travail. L’enregistrement s’est fait dans la bienveillance. Ça donne très envie de revenir pour un autre projet… Mais au-delà de tout cela, l’expérience BLAQUES ROOM, notamment le format live, m’a permis de me montrer tel que je suis et d’interpréter avec émotion « Elle e(s)t moi ». Enfin, si j’ai choisi de performer ce titre dans la BLAQUES ROOM, c’est parce que je l’aime et je souhaitais le remettre en valeur. Enfin, je dois l’avouer, je préfère garder les autres titres pour la sortie de mon premier EP ! 

YMP :

Pour finir, as-tu une œuvre à nous conseiller ?

O :

En ce moment je lis L’histoire et les dossiers de la prostitution***. Les deux auteurs, Jean-Pierre Laurend et Jean-Pierre Servais, retracent l’histoire de la prostitution au travers des époques, des cultures et des sociétés. C’est un livre très complet et passionnant malgré les gravités qu’il aborde.

***Publié en 1965 aux Éditions Planète


Le Live Solo “Elle e(s)t moi” d’Orian, dans la BLAQUES ROOM :



Crédits :

Propos recueillis et mis en page par Thibaut de YOKA MUSIC PRO 

 

Live Solo BLAQUES ROOM :

Réalisation : Alex Heyoka

Assistant réalisateur : Sounjata Phojo

Photographie : Sounjata Phojo et Studio Vincent

Chargé de projet audiovisuel : Thibaut

 

Remerciements :

Erna Couture

Kevin Damien : coach scénique

Laurent Marécaille : photographe

Studio Vincent : photographe reporter

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